Le «
hiatus », comme le nomme Andy Biersack, est terminé : cette semaine, Black Veil Brides revient avec leur nouvel album, VALE. Comme Paul, le reporter K! l’entend, cela marque la fin d’un chapitre - et le commencement d’un autre…
Photos : Grizzlee Martin
Il est tôt à Los Angeles, juste un peu après 9 heures du matin, un bout de la matinée que nombres de rockeurs voit de l’autre côté du cadran, mais pour Andy Biersack, acteur, auteur, chanteur solo et leader du groupe, fraichement ressuscité, Black Veil Brides, c’est le moment parfait pour commencer la journée par à une interview avec Kerrang!
Nous parlons grâce aux lignes téléphonique transatlantiques de l’influence de l’élection présidentielle de l’année dernière, [qui a eu lieu durant le procédé d’écriture] a eu sur leur nouvel opus. C’est une discussion intéressante et Andy, fidèle à lui-même, est réfléchi, analyste et engagé.
« La chanson Outsider a été écrite au beau milieu de la primaire qui oppose républicains et démocrates… » dit-il, avant de se taire.
Il y a une pause et enfin : « J’ai eu un blanc, désolé. Je vois un van glauque descendre la rue devant chez moi. Je suis un peu distrait. Je suis toujours super-vigilant, surtout en vivant à L.A. On ne sait jamais… »
« Il y a des gens bizarres dans le coin. Je pense que c’est l’effet d’avoir vécu dans une petite ville. Même en grandissant, il n’est pas difficile de reconnaitre qu’être à L.A peut parfois être effrayant pour un gars du midwest. J’ai vécu là durant toute ma vie d’adulte, et je pensais qu’on s’y habituer au final, mais à chaque fois que je vois un véhicule glauque ou autre, je me dis ‘Ahhhh… Qu’est-ce qui se passe ?’ »
Nous continuons notre conversation, passant au sujet de la nouvelle sobriété relative d’Andy et de l’impact que cela a sur l’enregistrement. Le leader semble concentré, mais de temps en temps, il y a une pause. Le van continue de tourner devant sa maison pendant au moins 15 minutes d’interview, il s’arrête et ses occupants descendent dans la cour avant d’Andy.
« Je suis désolé, une seconde. Hey, je vous rappelle tout de suite. » Dit-il.
Ensuite, la ligne coupe.
Il se trouve que nous ne parlerons plus à Andy avant le jour suivant. Il n’a pas - un grand merci aux dieux du Rock’n’Roll- été enlevé, volé ou abattu dans son appartement en plein jour.
« Il n’y avait aucun danger, ce sont des choses qui arrivent et hier, ça à été une accumulation » dit-il. « Ça a finit d’une manière très étrange, presque glauque, il y avait trois femmes qui tournaient autour de chez moi et se donnaient en spectacle dans ma cour. Elles disaient avoir besoin d’aller à l’hôpital, mais à chaque fois que j’appeler le 911, elles ne voulaient plus y aller. Et puis, elles disaient ne pas savoir qui j’étais, mais nous avons su par la suite que l’une d’elle envoyait beaucoup de message à ma femme sur le web. Ce n’était pas une bonne situation. »
Alors qu’il relate l’événement, Andy est assis dans sa voiture devant une nouvelle maison pour laquelle il a rendez-vous dès que notre interview sera terminée.
Une réaction excessive ? On peut le penser en se basant sur l’incident seul, mais comme le dit Andy, c’est un cumul de plusieurs incidents similaires et pour lui, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Aussi, la réponse du chanteur est à prendre en compte quand nous demandons s’il a déjà craint pour sa sécurité auparavant :
« Il y a eu de nombreuses fois, au cours de ces dernières années ou nous avons reçu des menaces de mort. Il y avait un individu qui les déposées ici et essayait de s’infiltrer dans les salles lors de nos représentations. Il a été arrêté par les forces de police locale. » Reconnait-il.
« Il y a une fois aussi, où une personne comptait les heures avant de me tuer sur Tweeter. Je me suis réveillé dans le bus, entouré de policier et je ne savais pas ce qui se passait. Quand une personne fait l’objet d’attaque, les autorités doivent en référer par nom de code et tout au long de la journée, quand la police me déplacer d’un lieu à un autre, il le transmettait par radio et disait « L’aigle a atterri ». Ça me faisait rire à chaque fois. Alors, même que la situation était très sombre et hallucinante, on a su trouvé un peu de légèreté dedans et ils ont continué à me nommer ‘L’aigle’.
Il a été capable de voir de l’humour dans une telle situation, mais imaginez quelqu’un postant un compte à rebours direct du moment où il prévoit de vous tuer sur les réseaux sociaux. Puis, vous voyez un van glauque passer lentement devant l’appartement que vous partagez avec votre femme, votre alter-égo féminin - chanteuse, compositrice et star de la version américaine de The Voice, Juliet Simms.
A partir de là, imaginez plusieurs personnes vous menaçant de mort simplement parce qu’ils n’aiment pas votre groupe, votre image ou votre personne. Ça serait suffisant pour conduire certaines personnes dans un coin reculé de la paranoïa. Mais Andy Biersack refuse de vivre ainsi.
« La plupart des gens sont bons, je crois vraiment que la plupart des gens sont fondamentalement bons, alors je refuse de penser ‘ Oh mon dieu, cette personne va me faire du mal’ », dit-il. « J’ai souvent entendu des groupes dirent qu’ils avaient du mal à gérer ce genre de situations et les gens autour d’eux. Vous savez, ‘ Oh mon dieu, tous des tarés’. Pour moi, tout l’ enthousiasme et les éléments positives que l’on m’envoie sont bons à prendre. »
« Cela dit, il y a une ligne qui peut devenir rapidement floue dans la culture d’aujourd’hui, et c’est la limite de l’intimité », continue-t-il. « Si notre bus est garé dans une rue, c’est évident que vous avez tous les droits d’être là, c’est une chose, je suis là en tant que chanteur de rock. A l’inverse, si je suis à la maison et que j’essaie au mieux de me reposer et de profiter du peu de temps libre que je peux avoir, c’est un méfait de fanatisme grossier que d’essayer de m’approcher. Et une situation comme celle-là, où quelqu’un tente de me piéger ou de m’attirer dans une situation en tournant systématiquement devant chez moi, je trouve ça inacceptable. »
Le dernier Black Veil Brides, album éponyme à été réalisé rétrospectivement en 2014, pourtant Andy Biersack a à peine était en dehors des projecteurs entre temps. Il a réalisé un album solo sous le pseudonyme d’Andy Black, dont un second opus est déjà en préparation. Il a joué dans un film de 2017 - sur le thème du rock et de l’horreur,
American Satan - commencé une série de chat vidéo en ligne
(n.b : The Andy TV Show) , écrit un livre et rejoint tous les autres musiciens de sa génération en lançant une ligne de vêtement
(n.b : West Tower Warrior). Avec toutes cette eau sur le feu, pourquoi aurait-il besoin de revenir une fois de plus avec le groupe qui a fait sa célébrité?
« Quand vous êtes un groupe, c’est comme si vous étiez une famille. Il y a de parfaits moments de frustration, des moments d’hilarité et des moments d’amour et d’affection. Pour moi, c’est ce qui ressemble à une famille, et c’est le que le groupe est » Dit-il. « Nous sommes chanceux de ne pas avoir échoué ou que ce ne soit pas une dispute qui ait mené à ce hiatus. En 2014, nous n’en pouvions simplement plus. Nous passions neuf, peut-être dix mois chaque année sur la route depuis cinq ans, nous sortions un disque chaque année. C’était le moment de faire une pause et je pense que nous somme meilleurs grâce à ça. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis excité à l’idée de jouer à nouveau avec ces quatre gars. »
Là ou BVB IV était relativement compacte et épuré, Vale voit Black Veil Brides - Andy, les guitaristes Jake et Jinxx, le bassiste Ashley Purdy et le batteur Christian CC Coma - revenir aux sentiments les plus mythiques et à la portée grandiose de Wretched&Divine: the Story of Wild Ones. Cet album n’est pas seulement le favori des fans et celui qui regroupent les plus gros titres du groupe, c’est aussi, selon Andy, celui qui les détermine au plus haut point.
« Wretched&Divine était un grand moment en ce qui concerne notre carrière, pas seulement parce qu’il a été notre plus gros succès, mais surtout en terme d’évolution du groupe. » Approuve-t-il. « Ça représente vraiment un changement entre les gars qui s’habillaient avec des tenues à la Mötley Crew en essayant de faire du Glam rock pour nous permettre de comprendre ce que le groupe était vraiment. Un de mes amis décrit In the End comme étant notre chanson ‘capsule témoin’, il est probable qu’une fois notre carrière terminée, lorsque nous prendrons notre dernier salut, cette chanson sera l’une, sinon la chanson la plus mémorable que nous ayons faite. »
Andy ajoute qu’il n’aime pas critiquer les précédents albums du groupe - non pas parce qu’il a le sentiment qu’ils n’ont pas évoluer durant leurs 11 années d’existence, mais pour ne pas piétiner les souvenirs des fans.
« Quand j’étais jeune, une des choses que je trouvais les plus décevantes chez un groupe, c’était quand, plus tard dans leur carrière, ils revenaient sur un album que j’aimais et qu’ils disaient « Oh, ce n’était pas si bien » dit-il. Même s’il semble considérer leur dernier album comme un faux pas.
« Je n’ai pas une affinité aussi inhérente avec le précèdent album qu’avec W&D » dit-il. « Intrinsèquement, c’est ce qui allait devenir l’élément dans lequel on excelle, cette théâtralité que nous en faisons. Et je pense que nous serions fou de ne pas en tenir compte, ce qui a peut-être était le cas du précédant album. On s’est éloigné de cette théâtralité et de notre folie cérémonieuse, et je crois que c’est une erreur. »
En terme musical, l’élément clé est de retrouver ce sentiment, ce n’est pas le son exact de W&D, mais c’est le retour au travail avec le super-producteur John Feldmann (blink-182, All Time Low, presque tout le monde). D’un point de vue lyrique, c’est plus qu’un écho à leur plus gros succès. Ce n’est pas un album concept, mais Vale revisite le caractère des Wild Ones, quoique qu’ayant déménagé quelque peu les batailles de W&D.
Vale voit aussi dans l’écriture d’Andy quelque chose de plus direct à propos de certains problèmes politiques et personnels en comparaison à ses textes précédents, en ce qui concerne Black Veil Brides en tout cas. Les messages sont toujours largement filtrés à travers des métaphore et des mythes, mais ils reflètent véritablement quelques problèmes de société.
Pour en revenir au début de notre conversation, le processus d’écriture de VALE à commencé à peu près au moment ou la campagne électorale américaine faisait jaser. La chanson Dead Man Walking (Ouverture II) à été écrite le jour suivant l’élection de Donald Trump, Andy nous accorde que la peur et l’agitation liée à cette période fait indubitablement surface dans ses titres.
« Je n’écris pas de chanson à visée politique, mais c’était dur pour moi de ne pas ressentir cette vague de colère et d’angoisse qui secouait le pays, après les élections. J’ai eu le sentiment qu’il fallait être capable de s’élever, de voir plus haut que ces choses » dit-il.
« Sans faire de déclaration politique à ce propos, je voulais, du moins, écrire sur ces émotions et ce qu’elle nous apprennent du monde dans lequel BVB existe. Un monde d’auto-conservation ou le but est de chercher et découvrir un moyen de de se défendre face à la noirceur présente autour de nous. »
Personne ne va prendre Vale pour Prophet of Rage
(n.b : groupe américain de rap-métal), mais il semble y avoir tout de même un sentiment de colère dans Dead Man Walking… et Wake Up ! Il y a aussi un sentiment de noirceur, ou du moins, une ombre qui plane sur les textes d’Andy, il n’en a pourtant pas toujours été ainsi.
Le titre
VALE, lui-même, pourrait avoir nombre de significations. L’anglicisme « Vale » est un terme largement poétique pour désigner une vallée, Andy nous apprend qu’en latin « Vale » peut être traduit entre les lignes par « être bien » ou « être fort », il y a dans les deux cas un renvoi à l’idée de refuge, mais pour l’atteindre, vous devez vous préparer au voyage.
Pour Andy Biersack, la majeur partie du voyage inclue une bataille imminente avec l’alcool et ses propres démons. Même si ce n’est pas le premier album que le chanteur écrit en étant sobre, on pense à son album solo «
The Shadow Side »
(n.b : Andy Black - mai 2016), il nous dit pourtant que c’est à cette période qu’il a commencé à écrire pour BVB, ajoutant cela à ses propres défis.
« Pour moi, il y a un peu plus d’espoir dans la réalisation de l’album d’Andy Black. C’était cathartique, car j’écrivais à propos de sujet vraiment personnel et de cet engourdissement qui me retenait. Je suis une personne qui doit sans cesse lutter contre l’anxiété et je sais que j’utilisais l’alcool pour engourdir cette crainte. »
« Une fois sobre, ce qui est arrivé immédiatement, c’était ce rush d’émotion, d’espoir. Mais ils disent que lorsqu’on est nouvellement sobre, ce qui marque les six premiers mois, c’est lorsque tout cela commence vraiment à vous frapper. Toutes les émotions ressenties reviennent et vous prenez conscience de cette perte de temps et de tout le reste. Je dirais que l’album des Black Veil Brides a été écrit au moment où j’étais le plus vulnérable, émotionnellement. »
Considères-tu que tu as eu un problème avec l’alcool, ou as-tu réalisé que c’était juste quelque chose dont tu pouvais te passer dans la vie ?
« Je n’ai jamais été quelqu’un qui ne pouvait pas ne pas boire, si vous voyez ce que je veux dire. Pendant des années, j’ai vécu avec le sentiment que ‘ je pouvais arrêter n’importe quand, donc je n’avais pas de problème’. Mais même si je pouvais arrêter, je choisissais régulièrement de boire jusqu’à ce que je sombre et que j’ai des trous de mémoire. Je buvais avant chaque concert. Ce n’était plus seulement avant chaque concert, mais aussi pendant que nous enregistrions. Et puis, ce n’était plus seulement quand nous enregistrions, mais quand j’écrivais chaque chanson.»
« C’était l’anxiété et la douleur que je chassais depuis dès années, plutôt que d’y faire face, j’utilisais l’alcool pour l’endormir. Et ce n’était certainement pas une bonne chose pour moi. »
Une fois cette béquille enlevée, tu as dû faire face à cette anxiété ?
« Oh oui ! La chanson «
When They Call My Name » est essentiellement à ce propos. Ça m’a permis de réaliser à quel point je suis chanceux d’avoir ma femme et mes amis auprès de moi pour surmonter tout ça, au lieu de me soûler dans un coin dans le but d’oublier mon anxiété, mes obsessions et tout ces trucs. »
Alors qu’Andy traite de thème que nous n’avions pas vu apparaître dans les titres de BVB auparavant, il nous dit qu’il fait en sorte que « cela reste crypté pour les autres ». Il est à la fois suffisamment consciencieux et honnête pour admettre que les textes sont plus stéréotypés pour coller au groupe.
« Les gens nous taquinent sur le fait que le message de BVB soit un peu linéaire dans le sens où il est toujours question de relever un défi et de se battre pour ce que l’on est » dit-il. « Vous pouvez faire une chanson de Black Veil Brides très facilement avec une formule basée sur ‘Ok, tu vas t’en sortir et tu es un paria’, c’est simple, mais c’est la vérité, c’est que c’est ce que j’ai ressenti tout au long de ma vie, à des degrés différents. »
Est-ce un message avec un délai de péremption, ou est-ce valable à tout âge ?
« C’est toujours valable pour moi et je ne peux parler ou écrire qu’à partir de mes propres expériences. Quand j’écoute
[Brunce Springsteen’s] Born To Run ou n’importe quelles chansons traitant du fait de relever les défis de la vie, ça m’inspire tout autant aujourd’hui que lorsque j’avais 12 ou 13 ans. Alors, peut-être que pour certain, il y a un délai de péremption, je suis certain qu’il y a des gens qui écoutent nos chansons et pense que c’est vieillot ou que ça ne correspond plus à leur intérêt actuel. Mais je ne peux pas parler de leur opinion, car je suis celui qui écrit, et je sens que ça à encore de l’importance pour moi. »
Penses-tu que ton public a grandi avec toi ?
« Ce n’est pas seulement le public avec lequel on a commencé qui a grandit avec nous, il semblerait qu’il y ait une rotation chez les plus jeunes. Quand nous sommes arrivés, j’ai remarqué que peu importe le nombre d’années qu’avait My Chemical Romance derrière eux, il y avait toujours des jeunes qui avaient l’âge que j’avais moi-même quand MRC est sorti. Et je me rappelle avoir pensé à quel point c’était cool qu’il y ait encore tant d’amour et de passion venant du jeune public. Ce serait vraiment un rêve devenu réalité si nous étions capables d’avoir cette endurance. »
« On a l’impression d’avoir deux sortes de fanbase, maintenant, après 10 ou 11 ans. » Continue-t-il. « Vous avez ceux pour qui on représente une sorte de nostalgie. Puis, il y a un public plus jeune qui nous arrive seulement maintenant et l’attitude, l’angoisse, la rébellion et toutes ces choses sont fraiches et d’actualité pour eux. »
Quatre ans sans nouvelle, pour un groupe, c’est long, mais Andy assure qu’il n’était pas inquiet à ce propos, car ils ont un public vers qui revenir.
« Je suis vraiment curieux de voir comment ça va se passer, mais ne je suis pas inquiet à ce propos car, j’ai été actif en tant qu’Andy Black durant tout ce temps et j’ai été en mesure de voir le climat, de voir des gamins venant aux concerts avec des t-shirt Black Veil Brides et me questionner à propos du groupe. Je peux aussi vous donner une projection stérile basée sur la vente de détail des albums, mais je déteste m’intéresser à ce genre de chose analytique et non-artistique, d’autant que ça ne fait pas un bon papier. »
Il a raison, ça ne le fait pas. Andy Biersack est peut-être sous son meilleur jour en étant mythique et flamboyant. Et, avec le nouvel album de Black Veil Brides, il semble bien parti pour redevenir ce gars, une fois encore.